Mettre des mots…
…quand l’indignation coupe le souffle.
Merci à nos camarades et voisins d’avoir partagé cette lettre qui redonne de l’air et du sens, là où la tristesse prend actuellement la place du ressort.
« À destination de la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations de la Creuse.
Mesdames, Messieurs,
Nous vous remercions de l’attention dont vous faites preuve en prenant contact avec les différentes associations du territoire de la Creuse. Il est cependant dommage, que traitant d’un sujet aussi crucial, aucune réelle concertation n’ait pu avoir lieu. De cette manière, nous aurions pu fournir une réponse argumentée, commune entre association et potentiellement en concertation avec vos services.
La question sous-jacente à votre demande concerne le bien fondé des emplois aidés sur un territoire rural comme le nôtre. Voilà quelques points qui pourront vous être utile dans votre argumentation.
Pour situer notre association, nous sommes à la fois agrémentés « espace de vie sociale » par la CAF de la creuse et un lieu de pluriactivité (parfois dénommé tiers-lieux). Concrètement, nous mêlons à la fois des activités dites « marchandes » à travers nos bureaux partagés (Brasserie, cabinet de naturopathe, bureau d’étude en cartographie, agence de voyage associative, marché d’hiver et d’été, épicerie de produits locaux, commandes groupées) et des activités du secteur « non marchands » (animation de la vie de village, atelier pour les enfants, jardin partagé, troc-livre jeunesse, fonds documentaire et rencontre autour de la parentalité, la naissance, la santé, expo BD et invitation d’auteur, concert et atelier artistique sur le marché, atelier d’autoréparation de vélo…). Pour donner quelques chiffres l’année dernière notre épicerie a vendu pour 20 000 € de produits locaux qui reviennent donc sur le territoire. Le lieu que nous animons est également le siège d’une dizaine d’activités mentionnées précédemment et accueillera avec certitude de nouveaux entrepreneurs à l’avenir.
L’alchimie et l’équilibre qui existent entre ces différents éléments provient en grande partie de l’aide qui nous est fournie par notre salarié. Il a pour fonction d’articuler les relations entre les différents acteurs, de travailler sur la programmation de nos animations et d’assurer notre secrétariat. Des tâches sans lesquelles notre structure aurait bien dû mal à fonctionner. Sans lui, il faudrait que cela soit assuré par des bénévoles qui préfère donner de leur temps pour animer des ateliers pour les enfants ou tenir des permanences de l’épicerie. En résumé contribuer à l’animation de notre village plutôt que se perdre en tâches administratives ou qui nécessitent un long suivis.
Mettre un terme aux emplois aidés est un signal qui n’est pas très positif pour un milieu rural comme le nôtre où les gens s’engagent pour améliorer le quotidien de toute une population. Cette dernière ayant bien souvent l’impression d’être mise de côté par les politiques publiques étatiques qui semblent, le plus souvent, privilégier les espaces urbains.
Nous vous adressons également ce courriel, avec une pensée pour les salariés concernés. D’ors et déjà une certaine tristesse nous habite pour ceux qui se sont vu floués de manière cavalière lors de l’annulation des contrats au cours de l’été. Mais cela n’est rien comparé à la réaction en chaîne qu’une annulation générale de ces contrats pourrait apporter pour un territoire qui souffre d’un vrai problème d’attractivité.
Ce coup porté aux associations et à l’économie sociale et solidaire, contribue à éloigner les institutions des populations qui bénéficient de nos services (salariés en insertion, personnes âgés, familles, jeunes entrepreneurs, producteurs locaux…). Un signal qui, en définitif, contribue à une fracture toujours plus grande entre les populations rurales et les institutions qui devraient avoir à cœurs leurs intérêts.
Espérant que ce courriel, vous permettra de défendre nos intérêts et celui plus globalement de notre territoire.
Cordialement,
Le Conseil d’administration de la bascule
La Bascule
La Renouée
10 rue de la fontaine
23340 Gentioux-Pigerolles